Jean Charles Marchiani


Posted March 20, 2017 by Dineshlohar143

Jean-Charles Marchiani nous reçoit, le 6 décembre, dans un hôtel parisien du VIIe arrondissement.

 
Jean-Charles Marchiani : «On m’a fait payer l’antagonisme entre Chirac et Balladur»
Paris Match| Publié le 11/12/2009 à 18h06
Interview Patrick Forestier
Bernard Wis

Jean-Charles Marchiani nous reçoit, le 6 décembre, dans un hôtel parisien du VIIe arrondissement.

Paris Match. Dans le procès de l’Angolagate, vous venez d’être condamné pour avoir favorisé, contre des avantages, l’obtention de la médaille du Mérite à Arcadi Gaydamak.
Jean-Charles Marchiani. Cette médaille lui a été décernée par Jacques Chirac à la suite d’un accord avec le président Boris Eltsine, à propos de la libération de nos pilotes en Bosnie. M. Chirac avait décidé de lui remettre la Légion d’honneur. Charles Pasqua est intervenu pour que ce soit la médaille du Mérite. Le chef de l’Etat a voulu respecter son accord avec les Russes. A l’arrivée des pilotes à Villacoublay, il a d’ailleurs remercié le président Boris Eltsine et moi-même. Plus tard il m’a chargé de transmettre un message auprès de M. Primakov, ex-responsable du KGB, qui deviendra Premier ministre. Je l’ai rencontré en présence du général Zelenin, du KGB. C’est ce général qui s’est rendu à l’Elysée en novembre 1995 rencontrer M. Dominique de Villepin, à l’époque secrétaire général de la présidence, afin de mettre au point la récompense pour Gaydamak.
Avant de partir pour Moscou et l’ex-Yougoslavie, avez-vous été reçu à l’Elysée ?
Bien entendu. J’ai été mandaté directement par le président de la République. J’étais en contact avec Maurice Ulrich, conseiller spécial de Jacques Chirac. J’ai vu Jacques Chirac à deux reprises, et Charles Pasqua était en liaison permanente avec lui.
Combien d’argent des fonds spéciaux l’Elysée a-t-il débloqué pour cette mission ?
Neuf cent soixante mille francs [146 351 euros] qui remboursaient la quasi-totalité des locations d’avion sur la Yougoslavie.
Qui vous remet cet argent ?
Dominique de Villepin l’a remis à Charles Pasqua, et Charles Pasqua me l’a remis.
En cash ?
Oui. Comme tous les fonds spéciaux de la République, en vertu des sommes votées au budget. C’est très officiel.
Avez-vous rendu des notes de frais ?
Evidemment. L’argent était essentiellement consacré aux locations d’avion à la compagnie Air Entreprise, avec quelques frais d’hôtel à Belgrade.
Pourquoi Arcadi Gaydamak finance-t-il sur ses propres deniers sa mission avec vous en Bosnie ?
C’est peu pour lui, vu son niveau de fortune. Il pensait que son intervention pourrait mettre “de l’huile dans les rouages” dans ses affaires. Concernant les ventes d’armes à l’Angola, il avait procuration sur le compte de ZTS-Osos, une société du ministère de la Défense russe.
Si vous n’aviez pas fait appel, l’obtention de cette médaille vous aurait mené en prison.
Parce que cette procédure a été un moyen pour trouver une qualification pénale contre Charles Pasqua, au moment où il était question qu’il se présente à la présidence de la République.
Condamné pour une médaille

Vous avez pourtant été condamné, en grande partie, pour cette médaille.
Oui, pour avoir fait obtenir une subvention de 228 000 euros pour l’association de Pierre Messmer, en contrepartie. Mais c’est faux car il n’en avait pas besoin. Le trésorier de son association est celui de Jacques Chirac.
Pourquoi cette médaille revêt-elle autant d’importance pour M. Gaydamak ?
Quand le général Zelenin est allé poser les conditions de la coopération franco-russe auprès de Dominique de Villepin, on lui a demandé ce qu’il souhaitait en retour. “Rien, a répondu le général. Simplement que vous fassiez un geste symbolique pour notre homme, M. Gaydamak.” Cette affaire a été réglée directement entre l’Elysée et les services d’Eltsine. La vérité des choses, c’est que les négociations avec Karadzic ont réussi grâce aux Russes, que je suis revenu avec les deux pilotes vivants, que Chirac m’a autorisé à rentrer avec eux dans l’avion de la République, qu’il m’a remercié à l’arrivée devant plusieurs millions de téléspectateurs. Quatorze ans après, on s’aperçoit que les négociations ont permis à la France, qui n’a rien cédé, de libérer nos pilotes dans l’honneur et la dignité. Cela a été possible grâce à l’aide des Russes qui, à l’époque, soutenaient les Serbes.
Avez-vous payé l’antagonisme entre Chirac et Balladur lorsque celui-ci s’est présenté en 1995 à la présidence de la République, soutenu par votre ami Pasqua ?
Bien sûr. A l’époque, je ne m’en suis pas rendu compte. Une opération a été montée contre Charles Pasqua. J’étais aux premières loges. Je ne peux prouver mes dires que si le secret défense est levé. Il suffit de déclasser les documents qui sont à l’Elysée, aux ministères de la Défense et de l’Intérieur. Sinon, c’est ma parole contre l’opinion des magistrats.
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Last Updated March 20, 2017